Elle s'excuse. Je baisse le menton et souris en coin, ma tête vient se hocher négativement, très faiblement. Elle n'a pas à l'être. Ce n'est pas de sa faute. N'importe qui peut prendre la déraille en ces lieux. Ce n'est pas Lauren qui est démente; c'est cette prison. Et je froisse mes sourcils à sa question. Regarde le sol en réflexion et réponds à ses mots. Péniblement. Lourdement. Je ne voudrais jamais avoir à dire ces choses. C'est pourtant notre réalité. Notre vécu.
Il... Il n'y a aucun moyen de sortir... Plusieurs ont tenté. Tous ont échoué ou... ou en sont... décédés...
Et les paroles qu'elle prononce par la suite sont plus que blessantes. J'avale difficilement dans l'écorche de ma gorge nouée. Et je vais chercher sa main dans le creux de la mienne, y dépose mon autre poigne, très doucement. Et je lui souris, avec la tendresse qu'elle mérite.
Je souait-te vraiment que l'on se rec-c-croise. Je ferai t-t-tout ce qui est en mon possible...
J'avale encore une fois avec difficulté. Elle est dure envers elle-même. Et je me demande si elle ne répète pas les paroles qu'elle eut entendu dans des établissements qui eurent put la prendre en charge. Je n'ose lui demander si elle a pris place dan un asile pendant un certain temps - si on ne considère pas ce manoir comme tel. Cette idée m'angoisse et me donne une tristesse profonde en fond de poitrine. Lauren mérite les meilleurs soins, et non des places pour fous. Elle ne semble pas folle. Peut-être légèrement malade. Rien de plus.
Ne soyez p-p-pas aussi difficile envers v-vous-même. Vous êtes une person-ne magnifique. Vous ne méritez qu'amour et tendresse.
Je serre les dents. Je pense toutes ces paroles, du plus profond de mon âme... Mais si Elizabeth les entendait! Je plisse le regard sur elle; mon œil lui voue tout ce que je peux ressentir pour elle. Si je pouvais l'aider, si seulement je pouvais l'aider dans ses démons! Je lui donne ma fiole de laudanum, c'est le mieux que je puisse faire. Elle la refuse, mais j'insiste, tout doucement. La pose dans sa main et persiste à lui donner. Elle en aura probablement plus de besoin que moi. En fait, j'en suis certain. Elle avoue alors ne pas savoir se repérer. L'ange blond craint que l'on ne se revoit plus, peut-être. Je la rassure:
Je viendrai faire mon tour dans la salle d'étude, le plus souvent que possible. Si vous désirez m-me revoir, priez. Le Seigneur ent-tendra vos paroles et vous guid-dera à moi. Je fer-rai de même. Jamais je ne souhait-terai vous perdre non p-plus, Lauren.
Bel ange blond... Je serre la main qu'elle me tend et la contemple. Du bout des cheveux jusqu'au creux des yeux. Elle m'a manquée, aussi. Sans que je puisse expliquer comment, puisque je ne me souviens plus d'elle. Mais son retour dans mon cœur m'a apporté quelque chose que j'avais oublié, un réconfort, a pris une place qui était vide et qui l'attendait.
Moi aussi... J-je me sens mieux dep-puis que vous êtes à nouveau à mes côtés...
Pure vérité. Que je ne me gêne à lui dire. Que je rougis, simplement.