David avait gardé la tête basse pendant le long silence interminable de Kathleen. Il eut le courage de relever la tête pour regarder ses yeux qui semblaient le toiser, le juger. Ce n'était peut-être que l'impression que la Scientifique renvoyait et que cette impression de froideur n'était pas ce qu'elle ressentait au fond. Enfin, peut-être que si. Le chirurgien n'avait jamais trop su où se placer face à elle. Elle avait toujours ce regard sévère digne de certains clichés d'institutrices qui le mettait mal à l'aise. Ce regard qu'elle avait actuellement et qu'elle avait souvent eu quand il avait été son assistant. Il avait souvent eu l'impression de faire quelque chose de mal et maintenant, il se rendait compte qu'il ignorait si la Scientifique l'appréciait ou le méprisait. Après tout, il se comportait encore comme un gosse par certains moments. Et il avait parfois bien la tête qui allait avec. Et un gosse n'avait pas sa place dans ce Manoir. Un gosse n'avait pas sa place dans les laboratoires, à ouvrir des gens en deux. Mais un gosse ne tuait personne ni ne plantait de scalpel dans la cuisse de celui qui fut son meilleur ami. Il soupira tristement et baissa la tête, ne sachant ce que Kathleen voulait de lui, finalement.

Il la regarda lui rendre le scalpel ensanglanté sans qu'un seul mot fût prononcé. Elle lui remit l'instrument dans sa poche tandis que David avait toujours les yeux rivés sur ses pieds. Il sentit alors la main de sa collègue sur son épaule puis ses lèvres sur son front. Sur le moment, il ne comprit pas du tout ce qu'elle était en train de lui faire. Était-ce au moins Kathleen en face de lui ? Mais ce geste eut le mérite de l'apaiser grandement et les muscles de son dos se détendirent légèrement tandis que ses paupières se fermèrent dans ce qui semblait être un semblant de légère paix avec lui-même. Puis elle reprit ce même regard froid et presque hautain pour lui dire de partir. David la regarda un instant, se demandant s'il ne venait pas d'halluciner ce baiser protecteur. Il la regarda dans les yeux quelques instants avant d'hocher la tête pour approuver et, sans un mot toujours, se rapprocha de la sortie du laboratoire. Était-ce une façon de lui dire qu'il n'avait plus à remettre les pieds ici ? Qu'il était banni en quelques sortes ? Sûrement. Ce serait amplement justifié. Il ouvrit la porte et dans l'entrebâillement de celle-ci dans lequel il s'était déjà à moitié engouffré, il se retourna pour regarder sa collègue avant de lui faire un sourire aussi triste que désolé. Il baissa la tête et repartit dans le laboratoire du Docteur Downcry.