David le regarda avec un grand sourire tout en restant silencieux. Il en était honoré… Rien que cette réponse, cette petite caresse sur son épaule lui donnait envie de mourir de bonheur. Sa main… Sa douce main sur lui n’avait rien perdu de sa douceur. Il lui sourit avec tout son amour tandis qu’Harry se redressa soudainement pour partir de la salle. Inquiet, David ne dit rien et le regarda s’éloigner de lui. Avait-il dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Il fouilla dans sa mémoire encore endormie pour savoir s’il avait pu dire une remarquer qui aurait froissé Harry. Il ne trouva rien et regarda le plafond silencieusement avant de soupirer tristement, le sang de ses victimes s’écoulant devant ses yeux. Il avait retiré la vie de Maria involontairement et n’avait pu se contrôler pour Felix et Jules. Qui sait s’il ne recommencerait pas un jour…? Il repensa à l’horloger. Concrètement, il n’était pas son meurtrier direct mais Harry le lui avait tellement reproché et de la manière la plus violente qu’il soit que le chirurgien avait fini par s’en convaincre. Depuis, il n’avait jamais vraiment osé regarder Amy dans les yeux et éviter soigneusement son contact. De toute façon, depuis qu’elle avait retrouvé son mari, il avait l’impression de la croiser encore moins souvent qu’avant. Mais ce n’était que son point de vue, la réalité pouvait être tout autre.

Il entendit alors Harry parler tout seul dans la pièce principale du laboratoire. Enfin. Tout seul non. David eut quelques morceaux de ses dires et le vétérinaire semblait bel et bien avoir un interlocuteur. Jonathan se serait réveillé ? Son chéri réapparut alors, un verre d’eau à la main, ce qui soulagea le chirurgien. Ainsi, il était juste allé lui chercher de quoi se déshydrater. Il lui sourit en le regardant dans les yeux, l’air de dire qu’il n’avait pas été obligé de faire cela. Puis son supérieur raconta sa mésaventure au sujet du lapin et de son frère dont les cheveux étaient grignotés. Une fois son verre d’eau fini, David sourit doucement. Un ami… C’était peut-être ce qu’il leur manquait à tous… Le chirurgien avait toujours tout fait pour être présent pour son frère mais au final, il n’aurait jamais le même rôle qu’un ami. Pour Harry non plus… Et il faisait un piètre ami pour Amy. Il retint un soupir et sourit à son chéri. Il reçut le verre d’eau et le remercia. C’est alors que le vétérinaire l’embrassa tendrement sur le front et David eut l’impression de fondre de bonheur. Ses yeux se fermèrent et il eut le plus sincère des sourires. Il soupira de bonheur, malgré cette mélancolie qui s’était installée dans son cœur. Il attendit qu’Harry se glisse près de lui pour venir s’y blottir doucement, veillant lui aussi à ne pas faire de mouvements brusques.

Le baiser dans son cou fut d’une douceur extrême. Il ne pouvait rien faire d’autre que de se laisser bercer dans les bras de cet homme. La fatigue commençait à reprendre ses droits et il se surprit même à avoir les yeux humides. Il posa sa tête contre le torse de son chéri et resta silencieux en l’écoutant. Il ferma les yeux. Lui aussi avait rêvé de lui. En fait, pas une seule nuit ne s’était passée sans qu’il pense à lui. Pas une seule soirée sans qu’il ait rêvé d’être dans ses bras plutôt que ceux d’Esther, même si ce fut très bref entre eux. Mais il ne voulait pas y penser. Il ne devait pas y penser. Il était là chez lui maintenant. Il n’y avait pas d’autres places qu’entre les bras de l’homme de sa vie. Vivant ou mourant, peu importe. Il était à sa place. Il soupira doucement et caressa avec douceur son torse qu’il prenait un doux plaisir à redécouvrir. Il n’avait pas changé. Il avait certes maigri, ce qui était presque un exploit vu son gabarit déjà peu épais, mais le Manoir l’avait épargné physiquement. Il repensa alors tristement à cette pauvre épave qui lui servait d’enveloppe charnelle. Déjà qu’il fonctionnait à moitié au niveau du cœur, il avait fallu que la folie ne s’imprègne dans son âme pour qu’Harry et Jonathan ne viennent la dépeindre sur son dos. Après tout, oui. Son dos était à l’image de son instabilité mentale. Il ne dit rien pour l’instant et se recroquevilla sur lui-même, se blottissant un peu plus contre son amant. Il ne lui dirait rien pour l’instant. Peut-être que ses troubles, ses peines, partiraient avec sa fatigue.

- Moi aussi, mon amour… Merci encore… Merci pour tout…

Il bailla doucement et s’accrocha à la chemise d’Harry. Il avait besoin de lui pour vivre et continuer. Mais il ne se le pardonnerait jamais s’il venait à lui faire du mal, même involontairement. Enfin… S’il le faisait souffrir à nouveau. Les pulsions sanguinaires qui l’avaient animé ne devaient plus jamais être libérées. Il ne pouvait plus se permettre de voir de nouveau les larmes d’Harry par sa faute. Se torturer l’esprit n’avancerait à rien, au contraire… Et ne ferait pas venir ce sommeil dont il avait si cruellement besoin pour éviter ce genre de dérapage impulsif. Il avait déjà détruit tous les êtres qui étaient chers à Harry. Et inconsciemment, la douce paranoïa et la faible estime de lui qu’il était en train de nourrir le rapprochaient de plus en plus d’un comportement autodestructeur.