Célébrité : Gillian Anderson Mementos : 197 Date d'inscription : 19/12/2013
Sujet: Re: "Le Clair de Lune." [ Strathearn - Hodge ] [Fini] Mar 29 Juil - 21:22
Le Clair de Lune.
Il esquisse un geste du bras dans ma direction – et je recule d'un pas. Je crains un instant qu'il ne veuille se saisir de moi, ou quelque acte de ce genre, et je suis à deux doigts de brandir mon arme pour le frapper. Ni son rire ni son soupir ne m'aident à décider quoi penser de tout cela. Je l'écoute donc, sans mot dire, l’œil sombre. Ses regards ont quelque chose de triste et de suppliant qui me suggèrent d'accepter l'explication qu'il me réserve, mais... Il faut bien qu'il ait conscience qu'à mes yeux, ils remet tout de même en cause l'Histoire d'Angleterre contemporaine. J'aimerais tellement pouvoir vous croire, Hamish – si tel est réellement votre nom. J'aimerais tellement. Mais... Le frère jumeau du roi ? Vivant caché, ou autre explication du même acabit ? Je me mords la lèvre avec acharnement, cherchant quoi dire, quoi faire. La chasse à la chair morte m'est complètement sortie de l'esprit. Mon cœur voudrait que j'aie confiance en ce jeune homme et en ces propos. Mon cerveau, plus rationnel, m'incite à la méfiance. Je tente de retrouver une contenance, mais, lorsque ma voix s'élève à nouveau dans le froid nocturne, elle est loin de laisser transparaître l'assurance que je souhaiterais montrer. Trop faible. Trop fluette.
« Monsieur... Qui que vous soyez... Admettez que ce que vous me dites là est assez difficile à croire. Expliquez-vous autant que vous le souhaitez, je ne peux pas vous accorder moins, mais... Je ne suis pas sûre non plus de pouvoir vous accorder plus. »
J'ai choisi de me cantonner à la prudence et de ne pas trop m'avancer dans mes discours. Je ne puis pourtant m'empêcher d'éprouver, quelque part, une discrète pointe de remords. Car si ce que ce jeune homme s'efforce de m'avouer est la vérité, alors mes paroles risquent de le blesser. Bien plus que je ne le voudrais – mais comment, comment puis-je le croire sur parole ? Nous sommes à présent au cœur de la nuit, dans ses heures les plus froides, et je sais que je ne vais plus pouvoir m'attarder des heures. Au point où je suis rendue, je devrais déjà ranger mon attirail et déguerpir, mais je n'ose pas bouger. Je me contente de serrer le couteau contre moi, le plat de sa large lame appuyé contre mon ventre, tremblant légèrement tandis que la bise glacée s'infiltre sous les pans de mon manteau. Quelque part, je prie pour que vous puissiez me convaincre. Je ne sais pas comment vous pourriez prouver votre identité, mais je vous en prie, faites-le. L'idée de m'être trouvée de telle façon devant notre futur roi ne promet rien de bon à mon avenir.
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Sujet: Re: "Le Clair de Lune." [ Strathearn - Hodge ] [Fini] Mer 30 Juil - 9:51
Le Clair de Lune.
Je. Ne. Sais. Absolument pas. Quoi. Penser.
†
Bien entendu, ses discours se tiennent. Ils sont parfaitement rocambolesques, mais cohérents. Le frère jumeau du Dauphin, renié par sa famille – et par le monde – du fait de son impossibilité à trouver une place qui lui convienne dans cette arène qu'est le gouvernement. Dangereux de par sa ressemblance bien trop frappante avec l'héritier royal ; même une demoiselle peu renseignée telle que moi ait été capable de m'en apercevoir. Comme mon vis-à-vis l'a dit de lui-même, il s'agit là d'une explication pour le moins romanesque, mais je ne peux pas la rejeter en bloc. D'autant plus qu'il me semble relativement sincère – bien plus que la plupart des nobles que j'ai rencontré, en tout cas, et que son regard profondément triste, s'il m'inspire une compassion certaine pour sa situation – qui est horrible, soyons honnêtes, fendrait le cœur à plus sensible que moi. Mais le temps fuit, implacablement, et je n'ai pas la possibilité de me perdre plus avant dans son regard. Glissant à nouveau le couteau dans ma besace – je ne risque plus grand-chose, il me semble, je décide de m'en tenir à sa version des faits. Pour le moment.
« Très bien. Je vous crois. Vous semblez sincère. Pourtant... J'aimerais que vous soyez capable de me prouver ce que vous avancez. Je n'ai pas tout à fait écarté l'idée d'avoir écouté les propos d'un aristocrate de très haut rang jouant de son identité, calculateur et manipulateur. Bien que je ne voie pas à quoi cela vous aurait avancé. »
Je lui offre un bref sourire alors qu'il est toujours juché sur la pierre tombale – mais il me semble être moi-même en assez mauvaise posture pour critiquer les actes prétendument bizarres de mon interlocuteur. Reprenant la pelle entre mes mains, je m'occupe maintenant à remblayer la terre qui recouvrait le cercueil avant que je ne profane la tombe. Jeune homme, j'aimerais beaucoup continuer la conversation – qui semble pour de nombreuses raisons terriblement surréalistes – mais je crains ne pas pouvoir rester encore bien longtemps à hanter les cimetières. Pourtant, ce n'est pas que je manque de questions. Que faites-vous de vos journées ? Êtes-vous d'une utilité à la famille royale ? Pourquoi ne vous a-t-ton tout simplement pas éliminé à la naissance ? Etc. Mais beaucoup sont probablement assez choquantes, et je n'ai réellement pas le temps de prendre un autre parti que celui de me taire et de rendre à la tombe son aspect premier.
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Sujet: Re: "Le Clair de Lune." [ Strathearn - Hodge ] [Fini] Mer 30 Juil - 14:09
Le Clair de Lune.
Nous revoir ?...
Je garde les yeux baissés quelques instants, visiblement occupée à tasser la terre sur le dessus de la tombe et à y déposer les fleurs laissées là par la famille auparavant. Bien entendu, j'avais pris soin de mémoriser l'emplacement de chaque chose avant de m'atteler à ma basse besogne. Mais ce n'est pas cela qui m'occupe l'esprit en cet instant. Je pense à ses paroles. Voudrait-il vraiment ?... Je ferais tout pour vous rejoindre. S'il vous plaît. Jamais on ne m'a fait une telle offre, une telle proposition. Il faut dire que jamais je n'ai rencontré pareil individu. Alors... Évidemment, je souhaiterais accepter. Qui ne souhaiterait fréquenter un être si spécial ? Quoi que l'on puisse dire, et malgré l'étrangeté de sa situation et de ses actes... Cet homme qui prétend se nommer Hamish est plutôt séduisant. Pas dans le sens où l'entendent la plupart des pintades que sont les demoiselles de mon âge, mais... Il possède un charme certain.
†
Je raccroche la pelle à ma ceinture, boucle ma besace rendue pesante par la chair encore fraîche qui ne tardera pas à s'y décomposer, et ramène les pans de mon noir manteau contre mes flancs avant de lever les yeux à nouveau et d'accrocher le regard de mon vis-à-vis. Je sais que l'inquiétude doit se lire dans mes propres prunelles. Je dois donner une réponse, et vite. Le temps nous file entre les doigts. Tempus fugit, comme d'habitude. Et pourtant... Je suis en plein dilemme. Je brûle d'accepter, bien sûr, mais... Mes sorties nocturnes sont déjà assez compliquées à planifier... Et, même si je tiens fortement à pouvoir poser les yeux sur cette fameuse preuve dont il me parlait il y a quelques instants, je ne suis pas sûre de vouloir en prendre le risque. Je crains assez fortement d'être menée en bateau de la manière la plus totale. La raison me dicte la conduite suivante : cette fréquentation doit cesser avant même d'avoir réellement commencé. J'ai suffisamment d'ennuis avec mes propres recherches sans m'impliquer dans d'autres activités cachées et – si ce jeune homme dit vrai – presque aussi peu défendables. Je déglutis avec difficulté avant de reprendre la parole.
« Si vous... Je veux dire... Soyez, dimanche prochain, à l'angle de l'église. A la sortie de Whitechapel. Je... Vous... Nous nous reverrons. »
Je m'incline ensuite brièvement, l'obscurité masquant la légère rougeur qui ornait à présent mes pommettes, avant de tourner les talons et de gagner la sortie de ce lieu de tranquillité qu'est le cimetière. Je n'aurais jamais dû dire ça. Jamais. Je le voulais, mais je n'aurais pas dû. Et pourtant... Je sais que je viendrais. Personne ne m'a jamais vu mettre un pied à Whitechapel, et sans doute en va-t-il de même pour lui. Mais cela ne change rien. Je suis une imbécile.