Erwan s’amusa de la surprise de sa partenaire. Apparemment, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui propose vraiment à danser. Mais après tout, ils étaient bien un bal et ils n’allaient certainement pas rester dans leur coin à regarder la piste ou à s’empiffrer près du buffet. Il l’entraîna alors là où ils n’allaient pas tellement être gênés par les autres danseurs, notamment les deux hommes qui menaient une valse sincère et fière en plein milieu de la piste. Mais depuis le début, personne n’osait les déranger, comme s’ils étaient les petits danseurs d’une boîte à musique pour enfants. Erwan les trouva alors bien chanceux d’avoir chacun quelqu’un sur qui se poser, se reposer et sur qui compter. Le Scientifique en vint même presque à le regretter. Après tout, il n’avait pas tellement le comportement pour se faire des amis durables et fiables. Mais est-ce qu’il en avait vraiment voulu et eu besoin ? En prenant du recul sur sa vie, Erwan constata qu’il avait mené une vie assez solitaire jusque-là. Et il était sûrement à la moitié de sa vie désormais. Mais il était peut-être légèrement trop tard pour avoir des regrets et être mélancolique. Il prit donc la main d’Helena et posa sa deuxième sur sa hanche.

Il sentit tout de suite que sa partenaire était légèrement nerveuse. Elle avait sûrement peur de mal faire. Cela lui esquissa un léger sourire amusé. Lui non plus n’avait jamais brillé à la danse et cela faisait des années qu’il n’avait pas eu l’occasion de s’exercer. Ses mouvements étaient donc sûrement très gauches, même si son sourire laissait croire qu’il savait ce qu’il faisait. Comme d’habitude. Ce petit sourire enjoué, presque arrogant, qui ne semblait pas se décoller de ses lèvres fines. Mais pourtant, malgré les excuses amusées d’Helena, Erwan eut une impression de déjà-vu, qui restait cependant très vague. Il avait le sentiment qu’il avait déjà dansé avec cette femme et pourtant cela n’avait aucun sens. Ou alors, c’était comme si son inconscient l’invitait à continuer de danser ? C’était troublant. Vraiment troublant. Si bien qu’il fut déconcentré dans ses pas, se les mélangea et fut le premier à marcher sur le pied de l’autre. Cela le sortir de sa rêverie négative, chose qu’il haïssait plus que tout, étant quelqu’un de purement positif mais passons. Chose rare, il se sentait gêné de sa gaffe et eut même les joues qui rougirent légèrement, très légèrement. Il se reprit rapidement et continua à sourire à Helena :

- Comme vous pouvez le faire, votre mari est sûrement plus gauche que vous. Heureusement qu’il est petit, sa carcasse est sûrement moins lourde et donc douloureuse quand elle se précipite sur des orteils, par accident.

Il retrouva son sourire espiègle et ses yeux rieurs, la gêne s’effaçant rapidement de sa peau, reprenant le contrôle de lui-même.