AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Partagez

Je te salue, heureuse et profitable Mort.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Jake S. Walker
Jake S. Walker
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeMar 17 Juin - 20:26




















Une main crispée contre l'objet de sa colère, il avance. Encore. Et encore. Un pas mal assuré, puis un autre, un bref appui sur le mur, et la marche reprend de plus belle. Dans ses yeux, dans ses iris bleus clairs, deux minuscules cercles noirs. Deux têtes d'épingles. Deux pupilles contractées. Deux prunelles de camé. Au creux de son poing, serré à en faire blanchir les articulations de ses doigts malingres, un mignon flacon. Vide. De là vient le drame. Là est l'origine de la souffrance, de la colère et du malaise grandissant. De ce vide. De ce manque. De la cruelle absence de laudanum. La main de Jake se crispe, tremble, et s'élance dans un geste brusque pour fracasser le contenant de verre contre le mur couvert de papier peint. Bruit d'éclatement. Dizaines d'éclats sur le plancher. Un grognement sourd, un regard à sa paume blanche – le sang s'écoule en traînées rouge sombre, un morceau de verre est resté planté dans la chair. La rage au cœur, le jeune homme s'en saisit et l'extirpe sans ménagement, s'arrachant au passage un gémissement sourd ainsi qu'une certaine quantité de sang supplémentaire. Il s'adosse alors au mur pour reprendre son souffle. Ce dernier, en temps de crise, tend à devenir complètement anarchique. Rendu difficile par une sensation constante d'oppression, il peut s'accélérer grandement dès qu'une hausse de tension se fait sentir, aussi légère soit-elle.

Adossé au mur, Jake avale sa salive avec difficulté. Une vague nausée l'a pris au corps et ne fait que renforcer son mal-être global. Pourquoi ? Pourquoi être soumis à une telle servitude ? Pris dans un piège tel qu'il enferme à la fois son corps et son esprit dans quelques gouttes de liquide écarlate ? Laudanum. Il abhorre ce mot et s'en délecte tout à la fois. Laudanum. Fluide apaisant, dangereux, exorcisant la douleur, la ravivant à petit feu. Douceur amère, dont l'absence est plus douloureuse que celle de la plus adorée des amantes. Le dernier des Walker, en somme, goûte aux affres de l'addiction sévère. Migraineux depuis l'enfance, drogué aux morphiniques jusqu'à l'os. Cela ne posait guère problème lorsque la substance nécessaire à le tirer du tourment était disponible à n'importe quel coin de rue. Cette époque, hélas révolue jusqu'à disparaître de sa mémoire, a maintenant laissé place à un sevrage forcé. Et la souffrance, la peur, le désespoir – tous s'insinuent dans cette brèche.

Le jeune homme passe une main fatiguée sur son visage, y laissant des simulacres de peintures de guerre sanglantes. Il voudrait se rouler en position fœtale, dans un coin sombre du manoir, et pleurer jusqu'à mourir de déshydratation. Car c'est bien ce qui l'attend, n'est-ce pas ? La mort. Mais la colère bloque ses sanglots dans sa poitrine, et seules quelques larmes de rage viennent humidifier ses yeux bleus. Et voilà que les démangeaisons reviennent. Le long des avant-bras. Au creux de la poitrine. C'est insupportable. Jake ouvre les deux premiers boutons de sa chemise, la teintant au passage de teinture écarlate, et se griffe le sternum jusqu'à ce que les picotements s'apaisent. Après quoi, sa tête retombe contre le mur aux nobles tapisseries. Seul. Vide. Perdu. Est-ce toi, odieuse camarde, qui t'avance doucement vers lui ? Viens ! Viens donc ! Ne prends donc pas tant de précaution. Il t'attend.


Crédit par Kikino-sama et Ninie067 de Templactif

Revenir en haut Aller en bas
Rose E. A. Lefèbvre
Rose E. A. Lefèbvre
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeMer 18 Juin - 11:34




Je te salue, heureuse et profitable Mort.



Errance. Voilà qui résumait bien la situation de Rose, toujours déterminée à trouver ne serait qu'un trou de souris pour s'échapper. S'échapper avant de devenir aussi folle que les autres détenus et surtout avant d'y perdre la vie. De ce côté là, elle ne se débrouillait pas trop mal car la discrétion était devenue une seconde nature malgré qu'elle restait un peu … distraite disons. En attendant, sa petite taille lui permettait de se cacher n'importe où et dans ce manoir, il en recelait des centaines, indépendamment des placards.

Konrad avait disparu. C'était regrettable mais moins en formait de groupes, moins on risquait de se faire surprendre. Et puis la jeune femme était obsédée par la part de sa mémoire manquante. Il y avait quelqu'un, quelqu'un dont elle devait ce souvenir. En se glissant silencieusement dans les couloirs, Rose essayait de forcer sa mémoire mais plus elle s'acharnait dessus, plus celle-ci résistait, ne lui donnant qu'en retour un bon mal de crâne.

Un fracas la fit sursauter et elle se plaqua contre le mur du couloir, prête à décamper ou sauter dans le premier coin sombre. On aurait dit que quelqu'un ou quelque chose avait brisé du verre. Non, il y avait bien quelqu'un derrière le coin du couloir : un gémissement et une respiration saccadée, laborieuse. Rose restait là, le cœur battant avant d'esquiver quelque pas vers ce coin de couloir qui l'appelait étrangement. Que se passait-il de l'autre côté ? Qui était là ? Longeant la paroi, elle s'arrêta à l'angle et jeta un discret coup d'œil mais au lieu de se re-cacher immédiatement dans l'ombre protectrice de sa portion du chemin, elle ne put détacher son regard de la scène.

Un homme était là, appuyé contre le mur. Il semblait mal en point. Une aura fragile et vacillante l'entourait. Que lui était-il arrivé ? L'odeur métallique du sang titilla l'odorat de la jeune femme et lui souleva le coeur. L'image du massacre lui revient en mémoire. Encore. Les corps immobile, froid. Le liquide pourpre qui s'étalait de plus en plus. Elle ferma les yeux. Ce n'était pas le moment d'y penser, cet homme avait besoin d'elle. Après s'être elle même calmé en soufflant profondément, elle s'approcha à pas compté de l'inconnu.

Elle n'avait pas peur de lui mais elle ne voulait pas l'effrayer. De plus, cela lui permettait d'analyser la situation. Il était à priori blessé à la main et peut être au sternum. Pour être honnête, il était effrayant avec cette peinture écarlate sur tout le corps mais étrangement, la jeune femme gardait la tête froide.

Doucement, la jeune femme s'accroupit à sa hauteur et lui murmura d'une voix apaisante :

« Je vais vous aider, n'ayez crainte. »

Son regard croisa le sien, hagard. Le doute n'était pas possible, du moins aux yeux de l'ex-infirmière. Le coupable devait être ce flacon éclaté en mille morceaux scintillant. L'étiquette était là, gisant au milieu des débris : laudanum. Elle grimaça et prit délicatement la main du jeune homme en guettant sa réaction. Celui-ci semblait délirer. Tant qu'il ne se mettait pas à être violent, Rose pouvait l'aider. Elle ferma les yeux et chercha son pouls. Le sang battait rapidement sous sa peau blanche. Elle reposa sa main doucement pour prendre entre ses mains froides la tête de celui ci afin de pouvoir l'observer correctement dans les yeux. Ces pupilles étaient anormalement contractées. Les griffures sur son torse s'expliquaient facilement : démangeaison due à un sevrage forcé. Tous les symptômes y étaient : hallucination, rythme cardiaque anormalement élevé, démangeaison et pupilles contractées.

Rose glissa sa main presque malgré elle dans les cheveux de l'inconnu, pour le rassurer et lui signifier qu'il n'était pas seul. Sa décision était prise, elle allait prendre soin de cette personne.  C'était plus fort qu'elle comme si au contact de cet étranger, elle retrouvait quelque chose de familier. Elle se redressa et, prenant son courage à demain, ouvrit lentement une porte. La voie était libre :

« - On ne peut pas rester en plein milieu du couloir. Je vais vous aider à vous relevez et nous irons dans cette chambre, vous y serez plus en sécurité pour vous reposez et nous ne risquerons pas de nous faire surprendre. »

Elle revient vers lui et serra doucement sa main :

« - Ca va allez. Je reste à vos côtés. »

©BOOGYLOU.



Dernière édition par Rose E. A. Lefèbvre le Mer 18 Juin - 21:50, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Jake S. Walker
Jake S. Walker
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeMer 18 Juin - 18:26



















Il reste stoïque lorsqu'elle s'empare de sa main afin de rechercher ses pulsations cardiaques – bien trop élevées, comme il se doit. Mutique, il l'est toujours lorsque les paumes de la demoiselle – car c'est une demoiselle, n'est-ce pas ? Son timbre est si aigu – viennent effleurer la peau de ses joues creuses. A ce contact, pourtant, il frissonne – ces mains sont si frêles, si froides. Lui se sent déjà faible, déjà glacé de l'intérieur, et ce simple toucher lui est insupportable. Il porte en lui la douceur caressante et macabre de la mort. Il frémit encore lorsque cette main, qu'il imagine divinement squelettique, frôle ses cheveux châtains en une caresse inattendue. Il n'y répond que par un léger grognement, croise lentement les bras sur sa poitrine et se recroqueville contre le mur. Mur froid. Mains froides. Cœur froid. Jake se perd dans un royaume de glace desséchée.

La silhouette s'éloigne et l'ancien domestique lève vers elle son regard trouble. Cheveux relativement longs, teint de cadavre – une autre prisonnière, sans aucun doute. Une des siens. Perdue dans cet enfer, dans le vide, elle aussi. Comme lui... Comme eux tous. Et malgré ça, elle parle de prendre soin de lui. Cette simple expression d'altruisme fit naître en son cœur une douleur sourde. Il ne veut pas qu'on l'aide. Il n'est qu'une saleté de drogué, un misérable fardeau, forcé de se reposer sur l'épaule d'autrui – et sur les effets du laudanum – à moins de dépérir. Il grimace. Une victime née, voilà ce qu'il est. Détruit par la drogue et la migraine – voilà comment il allait finir. A moins qu'un de ces monstres n'achève le travail avant que le cerveau malade du jeune homme y parvienne.

La respiration de Jake s'affaiblit. Où est passée la jeune femme ? Peut-être l'a-t-elle abandonnée dans ce corridor noir, à la réflexion. Cela vaudrait mieux pour elle. Le jeune homme tourne légèrement la tête – et la voilà qui paraît à nouveau. Sa voix s'élève, claire, agréable. Tentatrice. Elle lui promet la sûreté, le soin, l'attention... Des nèfles ! Le drogué en crise n'en a cure. Il secoue la tête, sans un mot. Non, il ne la suivra pas. A quoi cela le mènerait-il ? A agoniser sous son regard angélique, sans qu'elle ne puisse rien faire ? Très peu pour lui. Sa dignité a peut-être bien disparu sous les coups de boutoir d'un scientifique pervers, il ne tient pas pour autant à renouveler les scènes d'humiliation.

Voilà qu'elle lui reprend la main. Sa paume délicate a beau ne contenir aucune once de la chaleur réconfortante pour laquelle se damnerait, il ne peut s'empêcher de la serrer un instant, les doigts crispés sur cette paume blanche, avant de la relâcher brusquement. Non. Non. Il ne doit pas céder. A quoi bon souffrir davantage ? Il préférait décéder là, dans ce couloir, une bonne fois pour toute, au lieu de subir ce simulacre de mort à chaque rupture d'opiacés. Sa voix s'éleva, rauque, basse – mais trop faible pour être convaincante.

« Laissez-moi. »

Et il replie encore son squelette d'araignée, le regard hagard tourné vers la cloison. Il n'a pas conscience d'envoyer des signaux contradictoires, délivrant un message aux allures d'aidez-moi, hors de ma vue ! Il ne veut plus tourner son œil vers cette douce statue de glace. Qu'elle fasse de lui ce qu'elle veut – ce n'est pas comme s'il était en capacité de résister. Lui, pour sa part, choisit la damnation. Mourir une fois. Une fois pour toute.



Crédit par Kikino-sama et Ninie067 de Templactif

Revenir en haut Aller en bas
Rose E. A. Lefèbvre
Rose E. A. Lefèbvre
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeMer 18 Juin - 21:46





Je te salue, heureuse et profitable Mort.




Il secoua la tête à ses paroles. Même si elle venait de s'essuyer un cuisant refus, la jeune femme sourit. C'était positif, il était encore un peu dans ce monde. Il avait entendu, compris et assimilé ses paroles. Et l'illustre inconnu serra sa main une fraction seconde. Son cas n'était définitivement pas désespéré.

« Laissez-moi. »

Sa voix rauque et faible lui laissa penser qu'il commençait à être déshydraté. Il avait besoin au plus vite. Rose ne savait pas exactement depuis quand il était ici et surtout depuis quand il n'avait pas eu sa dose mais elle savait – et ne comprenait d'ailleurs pas d'où venait sa connaissance – que le jeune homme devait être dans un état dépressif et irritable dû au manque. D'ailleurs, il eut la force de se recroqueviller pour se couper un peu plus du monde.  Ça c'était déjà beaucoup moins bon mais elle ne le laisserait pas ! Elle lui redonnerait l'espoir :

« Je ne me rappelle pas vous avoir demandé votre avis, messire et je ne vous laisse pas vraiment le choix non plus. Je sais, c'est égoïste. Si vous souhaitez mourir ici, bouffer par je-ne-sais-trop-quoi, torturer par je-ne-sais-trop-qui ou lentement de déshydratation, il est vrai que la décision vous en revient entièrement. Mais je ne veux pas devenir une meurtrière en vous laissant là alors que j'ai les capacités pour vous aider. Et il serait égoïste de votre part de m'en empêcher et de mettre sur mes épaules le poids de la culpabilité et du remords ... Je n'ai pas besoin de votre cas pour cela, j'en ai déjà bien assez toute seule. »

Elle glissa son bras sous les siens et l'attrapa par la taille pour l'aider à se redresser -ce qui n'était pas chose aisé bien que le jeune homme ne pesait pas grand chose – puis esquiva quelques pas vacillants en lui laissant le temps de s'aider du mur. Rose n'ôta qu'il était également bouillant de fièvre et que ces lèvres étaient desséchées. La confiance en ses capacités en fut chamboulée … Sans médicament et sans la volonté du jeune homme, comment allait-elle le sauver ? Elle agrippa un peu plus fermement. Chaque chose en son temps. Ne dit-on pas : Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! Elle n'avait pas dit son dernier mot. Moitié trainant, moitié trébuchant, ils finirent par entrer dans la chambre et Rose laissa le jeune homme s'installer dans un fauteuil et constata que sa main gouttait toujours du liquide pourpre. D'ailleurs, sa robe, par le passé immaculée, ne l'était plus tant que ça. Bah ce n'était pas important, du moins pas ici. Elle n'allait pas se rendre à une soirée de tout façon et les monstres se fichaient de ce genre de chose.

Bon, une bonne chose de faite. Maintenant, la porte. Elle ferma celle-ci et se batailla avec une chaise pour coincer l'entrée. Une fois cela fait, elle admira et testa son dispositif avant de débarrasser  ses mains de la poussière et claironna :

« Bien, comme ça on ne se fera pas surprendre par une de ces immondes créatures. Je vais pouvoir vous soigner sans m'inquiéter qu'on nous saute dessus. »

Rose savait qu'elle parlait plus ou moins dans le vide et n'attendait pas franchement de réaction. Elle faisait surtout ça pour à la fois combler le silence oppressant qui régnait et pour que le jeune homme ne se sente pas seul, abandonné, qu'il ne se perde pas dans les méandres de son esprit, pour le distraire de son manque aussi, pour l'aider à s'accrocher à quelque chose. Elle fouina un peu partout dans la pièce pour dénicher des draps à peu près propre et se rendit dans la salle d'eau où elle fit couler un peu d'eau froide dans un récipient qu'elle lava préalablement. Elle ne trouva aucun désinfectant, bandage ou médicaments, ce qui en soit n'était pas étonnant mais qu'il l'a déçu cependant.

La jeune femme revient ensuite dans la pièce avant la gamelle et s'agenouilla devant le jeune homme toujours dans le fauteuil, recroqueviller. Elle prit un des draps et en déchira un morceau qu'elle trempa dans l'eau puis reprit doucement la main blessée de l'inconnu. Attentive et précise, elle fit glisser l'eau sur la plaie en épongeant le linge puis, une fois que le plus gros du sang se soit écoulé, elle vérifia qu'il n'y avait pas de corps étranger dans celle-ci. Elle tenait fermement sa main, de peur qu'il la retire lorsqu'elle tamponna délicatement la blessure puis, une fois sur que celle-ci était aussi propre que possible, elle déchira une bande fine du draps et banda la main de celui ci :

« Voilà une bonne chose de faite. Bien, à votre visage maintenant. »

Elle trempa un nouveau morceau de linge dans l'eau qui virait au rouge peu à peu avant de passer celui-ci sur les marques sanguinolentes sur son visage. Rose y allait avec la plus grande douceur et la plus grande attention en annonçant avec un sourire mi-figue, mi-raison :

«  Vous retrouvez un visage plus humain à présent et beaucoup plus séduisant. »

Puis, sans pudeur, elle déboutonna encore quelques boutons de la chemise du jeune homme et reprit son nettoyage des plaies. Celle ci n'étaient très profondes, c'était déjà ça. Au moins, il n'y avait pas à s'inquiéter d'une infection. Tout en tamponnant sur les griffures de son torse, elle se présenta :

«  Je me nomme Rose Lefèbvre et vous ? »

Elle se redressa une fois les premiers soins effectués et alla changer l'eau et jeter dans un coin les tissus tachés de sang avant de revenir vers le jeune homme pour écouter sa réponse et ajouter :

«  Je pense que vous devriez aller vous allonger sur le lit, là-bas, maintenant que j'ai fini de désinfecter vos plaies. Vous y serez mieux pour vous reposer. »

©BOOGYLOU.

Revenir en haut Aller en bas
Jake S. Walker
Jake S. Walker
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeJeu 19 Juin - 13:24




















Jake se laisse traîner en direction de la chambre avec une bonne volonté discutable. Il faut dire que, si une partie de son être tient encore à l'existence, la part restante se contenterait fort bien d'un décès rapide – ou du moins, le plus véloce possible. Malgré tout, les paroles de la jeune fille portent en elle quelque chose de rassurant, et celui qui fut valet de pied consent à user d'une partie de ses maigres forces pour se soutenir jusqu'à un fauteuil. Là, la demoiselle entreprend de lui prodiguer les soins les plus basiques. Le jeune homme, loin de rester insensible à cette manifestation de bonté – qui, étant donné son état dépressif, le touche sans doute bien plus qu'il ne le devrait – conserve pourtant son état mutique. L’œil noir, le regard égaré, il suit mollement des yeux les mouvements de la main salvatrice tandis que les picotements douloureux qui résultent de ce pansage ne parviennent pas même à lui arracher une grimace. Par moment, la voix de la jeune femme s'élève, puis retombe. Ni totalement détaché de la réalité, ni réellement présent dans la chambre, l'esprit de Jake capte quelques mots, dont la plupart sans importance. Bien. Inquiéter. Visage. Humain. Séduisant. Des mots, rien que des mots. Le jeune homme les entend, les comprend, les interprète – et les oublie aussitôt. Deux d'entre eux, pourtant, restent agrippés à quelque neurone, à quelque connexion nerveuse. Rose. Lefèbvre. Rose Lefèbvre. C'est un nom. Il faudrait y répondre. Lit. Reposer. Jake lève légèrement les yeux. Reposer... L'idée lui convient. La fatigue s'est emparée de lui il y a longtemps déjà. Mais un lit ?... Il faudrait encore marcher quelques mètres. Ses jambes le porteraient-elle jusque-là ? Il faut essayer. Une main posée sur chaque accoudoir, l'ancien domestique soulève son inutile carcasse jusqu'à se retrouver en position debout. Il chancelle. Légèrement. De là, le bras de la jeune femme fait un très bon appui. Il s'y cramponne un instant, se souvenant à son contact que les règles sociales exigent de lui qu'il décline son identité. Sa gorge sèche se résout à le laisser prononcer quelques mots, d'une voix rauque et monocorde.

« Je m'appelle... Jake. Walker. »

Une légère toux secoue sa poitrine. Il se détourne, laisse ses doigts se détacher de sa compagne, et fais quelques pas en direction du lit, avant de s'y laisser tomber plutôt que de s'y asseoir. Son regard sombre accroche à nouveau la silhouette de celle qui – il le réalise maintenant – l'a probablement sauvé de l'attaque d'un monstre sanguinaire. Jake la toise de ses yeux aux pupilles contractées. D'une certaine façon, il lui en veut. De quel droit se permet-elle de le tirer d'affaire ? Si la vie lui fait à présent horreur, qui diable a donc le droit de la lui imposer ? Puis soudainement, avant même qu'il achève de la maudire intérieurement, un profond sentiment de culpabilité s'écroule sur ses épaules. Elle use ses pauvres forces pour le tirer d'affaire – alors qu'elle aurait probablement mieux à faire – et voilà comment il la remercie ? Par une attitude lâche et égoïste, du type laissez-moi-mourir-tranquille-je-refuse-de-me-battre. Répugnant. Une fois réalisé ce comportement discutable, le jeune homme se racle la gorge. Il n'a pas le droit. De lui imposer sa présence. Dans cet état-là. Et surtout pas. De détruire. Tous les efforts. Dont elle use. Pour le sauver.

« Je suis... Désolé. »

Et en cela il est sincère. Malgré son état de loque avancé, Jake ne peut nier que la présence de la demoiselle lui est fort secourable. A défaut de lui procurer la chaleur corporelle dont il aurait besoin, elle apporte avec elle quelque chose d'essentiel : son humanité. Et, pourrait ajouter l'ancien domestiques au vu des ses précédentes rencontres au sein de ce manoir infâme, sa normalité. Son équilibre. Sa santé mentale. Une petite étincelle – une flammèche d'affection. Jake n'a subitement plus le désir de la voir disparaître derrière une encoignure de mur. Pire, cette éventualité lui fait peur. Car si elle partait... Il serait à nouveau seul. Complètement seul. Et le mur de glace reviendrait, se réinstallerait encore plus profondément dans son cœur. Et cela, il ne le souhaite à personne. Un frisson lui parcourt l'échine – Dieu ce qu'il fait froid – et sa voix s'élève à nouveau. Un peu moins faible, un peu moins sèche – mais toujours laborieuse.

« S'il vous plaît... Restez... Ici... Avec moi. »


Crédit par Kikino-sama et Ninie067 de Templactif

Revenir en haut Aller en bas
Rose E. A. Lefèbvre
Rose E. A. Lefèbvre
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeJeu 19 Juin - 17:07





Je te salue, heureuse et profitable Mort.


Rose pensait qu'il refuserait de se lever après le chemin qu'elle l'avait obligé à faire. En fait, elle n'était même pas sure qu'il est compris ses paroles pourtant, il s'agita et avec un effort qui semblait lui coûter toutes ses forces, il se redressa. La jeune femme lui sourit, encourageante et le laissa se lever par lui même, restant assez prêt pour le rattraper si ses jambes étaient trop faibles pour le porter. De lui même, il agrippa son bras qu'elle lui laissa volontiers. Voilà un progrès, il acceptait désormais son aide sans peut être en être totalement conscient.

« Je m'appelle... Jake. Walker. »

Elle ne s'attendait pas à l'entendre répondre mais fut heureuse de voir qu'il répondait encore aux stimulis extérieurs. Il y avait de l'espoir. Le plus inquiétant restait sa fièvre. Une bonne fièvre peut vous terrasser un homme bien portant alors d'un jeune homme comme lui, donc le corps semblait avoir souffert de la faim, de la déshydratation et fragiliser par l'absorption de poison, elle n'osait y penser. Mais il ne fallait point être pessimiste !

Sa toux l'a sortie de ses pensées et elle grimaça. Rose aurait aimé pouvoir lui donner du sirop pour apaiser sa gorge certainement irritée mais elle n'avait rien sous la main. Sa main lâcha le bras de la jeune femme qui le laissa faire – tout en restant à ses côtés – faire les quelques pas restant entre le lit et le fauteuil. Son regard l'a mis mal à l'aise et à la fois l'attirait étrangement. Il semblait que Jake réfléchissait du moins, c'est ce qu'il laissait paraître. L'Amnésique aussi était perdue dans ses pensées. Jake Walker. Jake Walker … Elle fouillait sa mémoire, tâtait ce nom, cherchait ce visage dans son passé oublié mais rien … Cela ne voulait probablement rien dire. De tout façon, y avait-il une personne assez proche d'elle pour la suivre dans ce lieu si immonde ? Existait-il encore une personne qui voulait encore d'elle après ce qu'elle avait fait ? Sa tête l'élança douloureusement, signe qu'elle insistait trop à chercher quelque chose qui, de tout façon, ne reviendrait qu'en temps voulu dans son esprit.

« Je suis... Désolé. »

Rose sourit au jeune homme avant de s'approcher pour prendre un coussin qu'elle tapa un peu plus loin pour le chasser de sa poussière avant de le remettre et d'aider Jake à poser sa tête dessus et à s'installer confortablement avant de remonter les couvertures sur son corps.

« S'il vous plaît... Restez... Ici... Avec moi. »

Elle rougit. La phrase n'avait rien du déclaration pourtant mais elle lui avait fait loupé un battement. Rose se morigéna et elle tira le fauteuil près du lit du malade :

« Il n'y a pas à être désolé. Je suis là qu'à je le veux. Vous n'y êtes pour rien. Je veillerais sur votre sommeil, ne vous inquiétez pas. Oh et je m'excuse mais si nous nous sommes déjà rencontrés, je n'en ai aucun souvenir. Je vais juste vous chercher un peu d'eau et de quoi essayer de faire baisser votre fièvre, je reviens aussitôt. »

La jeune femme se rendit donc nouvelle fois dans la salle d'eau, nettoya un verre abandonné là par son ancien propriétaire et le remplit d'eau. De même, elle reprit la précédente écuelle et un linge propre avant de revenir dans la chambre. Doucement, elle obligea le jeune homme à se redresser pour boire :

« Tenez. Allez y doucement. Ça devrait vous faire un peu de bien. Voilà, c'est bien. Avez vous faim ? J'ai un morceau de pain certes pas frais mais cela pourra calmer un peu votre estomac. »

Elle lui tendit le crouton sec avant d'humidifier le tissu et le passer sur son visage brûlant :

« Comment vous sentez vous à présent ? »

Instinctivement sa seconde main se glissa dans les cheveux de Jake, dans un geste tendre et apaisant. Elle voulait lui donner autant d'affection qu'elle pouvait pour le sortir de là. Le sortir de cette dépendance qui, cela était visible, lui faisait vivre un enfer.

©BOOGYLOU.

Revenir en haut Aller en bas
Jake S. Walker
Jake S. Walker
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeVen 20 Juin - 22:18





















Le jeune homme accepte sans grande résistance d'avaler deux brèves gorgées d'eau – s'étranglant au passage et manquant de recracher la faible quantité de liquide qu'il était parvenu à ingérer, malgré le soutien bienveillant de la quasi-inconnue. Il reprend machinalement son souffle et détourne la tête du verre pour signifier qu'il n'en absorbera pas plus. De même, s'il saisit en tremblant le croûton que lui tend la demoiselle, ce n'est que pour l'écarter aussitôt de lui. Au vu de son état, son estomac n'accepterait très certainement pas le moindre élément consistant, et la simple vision de cette nourriture lui faisait tout simplement horreur. La jeune femme en ferait probablement meilleur usage que lui – il laissa le croûton rouler doucement sur le drap.

La fraîcheur du linge sur son front lui arrache un frisson, et il serre les dents avec un léger sifflement. Il ne sait si ce contact lui est agréable ou répugnant : sa migraine en est autant apaisée que son impression de geler intérieurement augmente. Il se crispe, hésite un instant, puis lève une main timide pour éloigner de son front le chiffon glacial. Il n'a pas le cœur, hélas, à accepter cela. La question de laquelle se fend ensuite la demoiselle aurait de quoi le faire rire, dans un autre contexte ? Comment il se sent ? Comment il se sent? Mais terriblement mal. Ne l'a-t-elle pas remarqué ? Pourquoi, sinon, s'abaisserait-il à vaciller sur ses jambes, à trembler de tout son corps et à laisser une jeune fille s'occuper de sa santé presque sans esquisser le moindre mouvement ? Il voudrait sourire, mais n'en a pas le courage. Il préfère profiter un instant du contact rassurant d'une main dans ses cheveux – contact qui, chez un autre que lui, aurait peut-être provoqué des réminiscences de souvenirs enfantins. Jake n'ayant pas reçu une éducation très démonstrative en terme d'affection, il peut pourtant apprécier le réconfort apporté par cette attention sans se laisser troubler par cette impression propre aux amnésiques – celle qu'ils devraient associer leur situation présente à quelque événement passé mais en sont incapables.

Une pensée vient pourtant obscurcir le tableau. Simple. Tenace. Et Jake finit par l'exprimer à voix haute, en prenant la main de son infirmière provisoire dans la sienne. Il trouve même la force d'accrocher son regard – et de ne pas le lâcher.

« Il me faut. Du laudanum. »

Sa voix est plus fluide. Plus claire. Sans pour autant cesser de sonner d'un ton légèrement caverneux à n'importe quelle oreille humain. L'ancien domestique resserre ses doigts autour de ceux de sa compagne. Serait-elle seulement capable de comprendre ? De comprendre qu'il ne s'agissait plus seulement d'une question de dose ou de drogue – ou plutôt si, étant donné que le jeune homme se trouve pour ainsi dire en pleine descente d'opiacés – mais à un point qui touchait quasiment la survie – et flirtait avec la folie.



Crédit par Kikino-sama et Ninie067 de Templactif

Revenir en haut Aller en bas
Rose E. A. Lefèbvre
Rose E. A. Lefèbvre
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeSam 28 Juin - 14:59





Je te salue, heureuse et profitable Mort.


Il repoussa tout. Eau. Pain. Linge humide. Mais il la laissa glisser ses doigts dans sa chevelure. Rose ferma une seconde les yeux, à la recherche d'un souvenir qui flottait au abord de sa mémoire. Il y avait un jardin. Un magnifique jardin aux fleurs odorantes et aux joyeux pépiements des moineaux mais trop, beaucoup trop lumineux. Il y a quelqu'un d'allongé dans l'herbe, la tête posée sur ses genoux. Ses mains caressent ses cheveux doux. Mais elle ne distingue rien de cette personne.

Sa main fut soudainement attrapée, la tirant de sa rêverie. Ses yeux se reposèrent avec surprise sur Jake. La jeune femme était troublée. Avec qui l'avait-elle confondu ? A moins que c'était lui ? Elle le regarda un long moment sans réagir avant de se reprendre en main et sourire, attendant d'entendre ce qu'il avait à dire :

« Il me faut. Du laudanum. »

Son sourire s'évanouit comme la neige qui fond au soleil. Elle n'aurait pas du poser la question mais il était trop tard pour les regrets. Son regard se posa sur son poignet devenu douloureux. Il avait encore de la force, assez pour lui faire mal. Mais étrangement, la jeune femme ignora la douleur. Elle pouvait bien endurer cette petite souffrance si cela pouvait soulager celle de Jake ne serait qu'un peu. Elle le fixa de ses grands yeux bleus et répondit honnêtement :

«  Je n'ai déjà pas de quoi désinfecter correctement vos plaies alors il est clair que je n'ai pas de Laudanum à vous fournir. De plus, se serait réduire mes efforts à néant que de vous donner du poison. Je ne peux pas comprendre votre douleur mais je sais que plus la douleur sera intense plus proche est votre libération. Ne gâcher pas vos efforts, Jake, même si c'est un sevrage un peu forcé. Je vous aiderai, je vous distrairai, je vous veillerai mais je ne vous donnerai pas de Laudanum et vous empêcherai d'en prendre. C'est une promesse. Je resterai à vos côtés. »

Elle posa sa main sur celle du jeune homme qui serrait toujours le poignet :

«  Vous devriez dormir maintenant à défaut de manger. Voulez-vous une autre couverture ou ça ira ? Je peux aussi vous chanter une berceuse. »

©BOOGYLOU.

Revenir en haut Aller en bas
Jake S. Walker
Jake S. Walker
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeDim 6 Juil - 22:39





















Le jeune homme leva vers celle qu'il considérait jusqu'à présent comme son ange gardien un regard chargé d'incompréhension. Puis, au fur et à mesure que la jeune femme parlait, sa confusion se changea graduellement en rancœur, pour atteindre au final un degré proche de la fureur pure et simple. Dormir ? Chanter une berceuse ? Jake grinça des dents, resserrant son emprise autour du poignet de la demoiselle jusqu'à planter littéralement ses ongles abîmés dans la chair tendre et pâle de celle-ci. Il n'était pas un petit garçon souffrant d'un fièvre ou effrayé par un cauchemar. Seulement une saleté de drogué en cruel manque de laudanum, l'apaisante liqueur d'opium. Sa respiration lui demandait une insupportable concentration s'il désirait qu'elle conserve un rythme relativement peu anarchique, sa peau le démangeait sans qu'elle subisse pourtant d'agression extérieure, et il se sentait de manière générale terriblement mal. Ne comprenait-elle donc pas ? La seule chose en capacité de rétablir un sentiment d'équilibre chez l'ancien domestique tenait en un mot : laudanum, cette infusion bénie de pavot dans le vin. Était-ce donc si compliqué à entendre ? Lâchant brutalement le bras de celle qui s'efforçait de prendre soin de lui, Jake se releva d'un mouvement brusque, mû par le bref élan d'énergie que lui prodiguaient les paroles de la demoiselle. Elle refusait. Elle ne lui apporterait pas la salvation.

« Vous ne comprenez pas. Vous ne... pouvez pas... comprendre. » lui lança-t-il dans un feulement rauque tout en se dirigeant à pas traînants vers la porte. Son champ de vision se troubla subitement et avant même qu'il ait atteint le battant. Avec un maladresse certaine, il actionna vainement la poignée, avant de remarquer que celle-ci était bloquée par une chaise. Une vulgaire chaise. Avec un grognement de rage, il l'envoya valser au milieu de la pièce. Un simple assemblage de bois et de paille n'allait tout de même pas lui faire obstacle ! Le jeune homme se retourna vers la silhouette trouble qu'il percevait non loin de lui et s'adressa à elle une dernière fois, d'une voix hachée par sa respiration laborieuse, avant de quitter la pièce.

« Laissez-moi... en paix. Vous ne... comprenez pas ! »

Et il entreprit de s'éloigner de cette chambre, de cette femme, à travers le couloir rendu flou par son esprit embrumé. Un pas. Un autre. Et puis un autre, avec toujours le mur pour appui. Il n'alla évidemment pas bien loin avant de trébucher et de se retrouver à quatre pattes sur le plancher. Il se releva pourtant, et s'adossa au mur en attendant de retrouver une respiration à peu près correcte – à cet instant, le son de l'ai s'échappant de ses poumons résonnait de manière beaucoup trop sifflante à ses oreilles. Il ne s'en sortirait jamais seul. Il le savait. Mais plutôt mourir que de languir indéfiniment en compagnie d'une femme qui, aussi pleine de bonne volonté qu'elle l'était, lui refusait la seule substance susceptible de lui apporter l'apaisement.

Abrutie.



Crédit par Kikino-sama et Ninie067 de Templactif

Revenir en haut Aller en bas
Rose E. A. Lefèbvre
Rose E. A. Lefèbvre
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitimeLun 1 Sep - 10:51





Je te salue, heureuse et profitable Mort.

Rose s'attendait à essuyer un refus, peut être un éclat de colère mais pas à cela. Comment aurait-elle pu imaginer tant de haine dans un regard qui lui avait semblé si beau et si fragile ? Toujours est-il que la surprise mêlée à une certaine incompréhension se lut sur son visage jusqu'à qu'une grimace déforme ses traits délicats. Il lui faisait vraiment mal. Ses ongles s'enfonçaient dans la chair tendre de son bras comme des serres à tel point que des gouttes écarlates s'épanouirent sur sa blanche peau et roulèrent le long de son bras. Pourtant, ce n'était pas ça le plus douloureux. Sa poitrine lui faisait beaucoup plus mal, comme si quelque chose s'était brisée en voyant le regard du jeune homme et ses traits déformés par la fureur. Cependant, la jeune femme ne pouvait se détourner, ne pouvait le repousser, priver de toute volonté face à lui. Ô mon dieu, pourquoi ce regard était-il si brûlant ?

Soudain l'emprise se défit que se soit sur son esprit ou sur son bras. Elle battit des paupières comme pour chasser un mauvais rêve. Toujours est-il que Jake était debout. Rose mit un certain temps à comprendre le sens de ces paroles. Tout se passait au ralentit dans son esprit et alors qu'elle se levait pour le retenir, la chaise vola dans sa direction. Elle resta figée, son esprit vidé. Celle ci explosa violemment, projettent des débris en tout sens qui déchirèrent ses bras, ses jambes, ses vêtements et même sa joue mais l'amnésique était trop ahurie pour ressentir quoi que se soit :

« Laissez-moi... en paix. Vous ne... comprenez pas ! »

C'est à nouveau sa voix qui la tira de son état de choc alors qu'elle se récriait en manquant de s'étouffer :

« Jake … Non. Vous ne devez pas ! »

Mais il avait déjà disparu de sa vue. Rose se tut, entendant seulement les battements effrénés de son cœur alors qu'une sueur glacée la fit frisonner. Si ce n'était pas l'explosion de la chaise, alors leur voix allait se charger d'attirer toutes les choses dangereuses dans les environs. Que faire ? Sortir, c'était risqué sa peau et essayé de sauver la vie d'un jeune homme ingrat qui ne souhaitait rien d'autre que de trouver sa boisson divine. Rester, c'était sacrifié la vie de Jake pour sa propre survie. Que le ciel lui vienne en aide et lui montre la marche à suivre. Des larmes traitresses roulèrent, silencieuse sur ses joues. Pourquoi était ce aussi injuste ? Pourquoi était ce si douloureux ? Les minutes s'égrainèrent sans qu'elle n'esquive un geste. C'est seulement quand elle surprit le bruit mat d'un corps qu'elle réagit : le choix était fait. Elle n'aurait pas d'autres morts sur la conscience. Ou alors son choix avait été fait depuis le moment où elle l'avait rencontré au détour de ce couloir. En tout cas, elle se précipita dehors et avisa le pauvre homme. De peur de subir à nouveau sa colère ou sa peur, elle resta à distance raisonnable en surveillant les longs corridors :

« J-je suis désolée, Jake … Non, c'est vrai … J-je ne peux pas comprendre, pas même imaginer mais je peux partager votre fardeau. Laissez moi vous aider, je vous en supplie. J'irai vous chercher du laudanum mais alors laissez moi le doser pour vous et vous soigner. J-je ne le supporterai pas si si si … vous disparaissez. »

Reprenant soudainement contenance, elle passa un bras autour de la taille de son patient et le ramena une fois de plus dans la chambre sur le lit :

« Je vais vous en chercher. Ne bougez pas. Ne faites pas de bruit. Et surtout, ne partez pas ... »

Sans en attendre plus, elle s'élança vers la sortie, jeta un regard des deux côtés pour vérifier qu'il n'y avait pas de danger et referma la porte sur la silhouette maladive de Jake.

Rose disparut pendant plus d'une heure pendant laquelle elle évita les obstacles du manoir, se glissant comme une ombre dans les pièces et les couloirs, rasant les murs, se cognant, se perdant jusqu'à enfin trouver l'objet de sa quête. Tout ça pour dire que quand elle revient finalement dans la chambre et qu'elle referma la porte derrière elle, elle se laissa glisser sur le sol, épuisée. Il lui fallut un moment pour récupérer et que ses jambes arrêtent de trembler afin de lui permettre de se redresser. Elle prit un verre qu'elle remplie d'eau avant de laisser tomber quelques larmes du produit du diable dedans. La fiole alla alors rejoindre une poche de sa tenue. Elle aida ensuite son compagnon à se redresser et l'aider à boire le breuvage sans dire un mot. Une fois le verre vide, elle l'obligea à se rallonger avant de s'asseoir sur la chaise à côté du lit et l'observa silencieusement.

©BOOGYLOU.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
En savoir plus

Je te salue, heureuse et profitable Mort. Empty
MessageSujet: Re: Je te salue, heureuse et profitable Mort. Je te salue, heureuse et profitable Mort. Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

Je te salue, heureuse et profitable Mort.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Amnesia : A Pack of Wolves :: Le Manoir :: Le Deuxième Étage :: Les Couloirs-