Liam se moquait éperdument de la lecture en général. Ce n’était pas quelque chose de vital dans ce Manoir à ses yeux. Il n’avait pas pu s’écrire de lettre et il vivait très avec en ne connaissant que son nom que d’autres s’étaient chargés de lui rappeler. Mais bon. Edgar s’était déjà rendu compte par lui-même qu’il se moquait bien de sortir de son alphabétisme, comme l’avait démontré son profond désintérêt pour le livre qu’il avait jeté par-dessus son épaule. Cependant, ce geste semblait avoir courroucé son précepteur qui voleta vers lui. Mais ce dernier ne l’impressionna nullement. Liam soutint le regard du fantôme avec fierté, voire même avec insolence, un léger sourire discret se dessinant sur ses lèvres. Cependant, il ne baissa pas les yeux et son ego n’en fut plus que renforcer quand il vit Edgar se recoiffer en lui soulignant son évident retard. Son sourire insolent se fit plus large et il regarda son professeur tirer doucement la chaise sur laquelle l’élève devait s’asseoir. Liam ne se priva pas pour aller s’affaler dessus, les jambes bien tendues devant lui. S’il avait pu mettre ses mains derrière sa tête comme s’il était en train de se relaxer, il l’aurait fait. Mais il soupira simplement et regarda la feuille sur le bureau.

Edgar lui fit une petite remontrance sur le fait qu’il était stupide de ne pas avoir le goût de la lecture, ce à quoi Liam répondit par un levé d’yeux au ciel que le fantôme ne put voir. Puis, étrangement, son précepteur se ramena la faute sur lui-même, disant que c’était de sa faute si le jeune amnésique n’avait aucun goût pour la littérature. Le brigand soupira et se gratta derrière l’oreille, attendant patiemment que son « cours » commence enfin. Puis Edgar lui donna donc la consigne de l’exercice d’aujourd’hui. Et Liam soupira. Il n’avait vraiment pas envie. Surtout que cela ne s’annonçait absolument pas ludique ni intéressant. Il se demanda alors comment il en était arrivé là. Comment il en était arrivé à avoir les pieds sous la table, penché sur une table avec une feuille des plus classiques où étaient gribouillés des dessins qu’on appelait « lettres ». Il avait toujours survécu jusque-là, en étant un inculte inutile à la société. Et le Manoir n’était pas vraiment un lieu de littérature et il se voyait très mal aller dans la bibliothèque pour bouquiner paisiblement, à l’abri des Gardiens. Enfin bref, passons. Il soupira et regarda la feuille. Peut-être pouvait-il faire un effort…?

- Et bien… dans cette phrase… l’auteur dit que…

Il soupira profondément.

- J’en sais rien moi…